Cette pièce, la toute première de Molière, est une farce jouée par trois comédiens.
Gorgibus veut à tout prix marier sa fille Lucile au vieux Villebrequin. Or, Lucile est amoureuse du jeune Valère. Pour retarder le mariage, Lucile simule la maladie. Valère trouve quelqu’un pour imiter le médecin qui ordonnera le départ de Lucile dans une maison de campagne pour qu’il puisse la voir : ce sera son valet Sganarelle…
L’énergie du spectacle est celle de la Commedia dell’arte, « andante rapido rapido » qui fait tourner les personnages comme des toupies, voler les costumes, valdinguer les amoureux. Les scènes s’enchaînent comme les cases d’une bande dessinée, mais c’est Molière, et c’est du théâtre, avec sa part essentielle de magie en plus qui opère entre la vie et la scène. C’est comme un train avancant sur des rails qui se construisent au fur et à mesure qu’il avance et se déconstruisent sitôt qu’il est passé.
L’amour empêché, retardé, sert de prétexte au développement d’une farce aux situations rocambolesques. Dans ce jeu de dupes, la comédienne interprétant Sabine se fait l’instigatrice du complot : figure féminine forte , elle assume le rôle de l’Entremetteuse auprès de sa maîtresse Lucile, et conspire avec Sganarelle. Mais malgré la crédulité du riche père Gorgibus, se faire passer pour médecin s’avère « périlleux », et le valet va devoir redoubler de ruses – et de pirouettes, pour parvenir à ses fins …
La scénographie est à la fois légère, solide et efficace : partenaire à part entière, le décor que constitue la maison de Gorgibus devient une invitation à jouer, inventer, voire sublimer. Des costumes de tissu noble, des accessoires fantaisistes ou décalés, et … trois petites boîtes à musique, suffisent à achever les traits de cette mise en scène où le rythme et la précision riment ensemble pour tenir en haleine le spectateur sans cesser de le surprendre.
Cette pièce, d’abord issue de l’adaptation de Christel Rossel, est ici enrichie d’une scène de L’Amour médecin et d’une autre de La Jalousie du Barbouillé, deux autres pièces courtes de Molière. Le Médecin Volant s’enracine ainsi dans la tradition – elle est écrite d’après un canevas italien – mais préfigure également des pièces de la maturité comme Le Médecin malgré lui ou Le Malade Imaginaire.
Mise en scène : Raphaël Gimenez
Adaptation : Christel Rossel et Raphaël Gimenez
Scénographie : Jacques Brossier
Avec : Solène Castets, Raphaël Gimenez et Ken Michel
Infos : compagnielemillefeuille@gmail.com