Roberto Zucco

de Bernard-Marie Koltès

sdrVen 8 et Sam 9 sept 2017 – 20h30

Aix-en-Provence – Théâtre Ainsi de Suite – 9 avenue Jules Isaac

Mise en scène : Ken Michel assisté de Boris Bayard

Avec : Boris Bayard, Maïlys Castets, Solène Castets, Yoann Fayolle, Raphaël Gimenez, Sophie Hérail, Nelson Ibaseta, Nicolas Klintzig, Jérôme Lebourg, Marion Le Tyrant, Claire Marlange, Christina Pontet, Maléna Reynaud, Alexandre Robitzer

Note d’intention

cofJe voudrais approfondir un travail de lecture critique des mythologies modernes. Dans la Révolte des anges d’Enzo Cormann c’était incidemment à la figure de l’écrivain Bernard-Marie Koltès, que revenait la charge de détruire le quatrième mur pour porter la voix du poète contre toute iconolâtrie réductrice. Roberto Zucco est la pièce-testament de Koltès, née de l’urgence et conçue dans une fascination subversive pour un serial killer au visage d’ange : « légende urbaine » que ce tueur apocalyptique, il ne peut que donner la Mort contre toute logique… celle du deal comme fondement, sous-jacent et tacite, des rapports communautaires. Virus injecté dans le corps social, Zucco est une arme chargée ou un « cran d’arrêt » qui traverse la Ville – alter ego d’un Koltès déchiré intérieurement, écartelé entre ses racines occidentales et ce continent « à la dérive » : l’Afrique, d’où il aurait rêvé avoir contracté le SIDA pour « renaître moins malheureux » et contrecarrer les hypocrisies communautaires.

Je veux sublimer la violence des idées et des actes contenus dans la pièce vers la poésie et l’humour… et pourquoi pas toucher au mystique. Le théâtre est un miroir et de l’autre côté se trouvent en puissance l’amour, la liberté – grâce au(x) passage(s), au saut, à la renaissance.

Cette représentation au Théâtre Ainsi de Suite, est une étape de travail.

digJe désire mettre en scène cette pièce avec une distribution très resserrée : un carré de comédiens, autour du rôle-titre, pour mieux faire entendre la poésie et l’urgence de ce texte.

J’envisage de faire jouer le rôle-titre par deux acteurs, présents simultanément sur scène : idéalement un entendant d’origine italienne pour la voix et une actrice Sourde d’origine africaine pour le corps, ceci afin de mettre en question la représentation de ce personnage énigmatique, sans en faire pour autant un objet ou un sujet de fascination. Je tiens à ce métissage : des sexes, des origines, des mondes.

Il s’agit de manière générale d’approfondir le rapport à la différence et aux codes – théâtraux et sociaux – que cette œuvre met en exergue, et, subtilement, subvertit.

Le rapport à la parole est évidemment crucial, comme l’atteste la radicalité de l’écriture, qui alterne dialogues au scalpel et logorrhées où le sens s’annule dans la révélation de l’inter-dit.

Le son, en tant que vecteur scénographique pour recréer les espaces de façon non naturaliste, mais aussi en tant que matière, que vibration, aura une place déterminante.

Voilà pour ce qui est de mon projet de création, encore à l’état embryonnaire, et pour lequel je suis actuellement en quête de partenaires et de résidences.

cofAvant de resserrer la distribution, j’ai voulu paradoxalement – ou plutôt à l’inverse, comme un négatif – la déplier, et j’ai réuni autour de moi une quinzaine d’artistes, toute ma petite famille théâtrale du moment, pour relever ce défi : monter la pièce en une semaine… autant dire, en plein état d’urgence. De ce travail en commun est né ce que je considère comme une simple étape, un laboratoire, ou une expérimentation si vous préférez, avant la création professionnelle proprement dite. 

Il s’agit du texte intégral, joué et/ou incarné, non d’une lecture ou d’une mise en espace.

Ken Michel

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